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(réponse après le dakar !)
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le dakar
dans la tête |
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rencontre avec Nicolas Bayle
une interview de Didier Goldschmidt
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À quoi pensera Nicolas Bayle, lorsqu’il
s’élancera sur la piste du Dakar ? À ses trois jeunes
enfants ? À sa première moto ou peut-être aux tours de kart sous
la pluie à Saint Amand Montront dans le Cher lors des éliminatoires du
championnat de France. « J’en doublais 4 par tour ! »
Nicolas ira jusqu’en finale mais cassera son moteur en pleine course.
« J’étais arrivé là où je voulais arriver, j’ai rangé le kart au
fond d’un garage, il y est encore. »
Fin d’une passion qui l’avait saisi à 16 ans où
Nicolas fait ses premiers tours dans la région de Nantes. Enfant, ses
rêves s’appellent Ligier, Laffite, Prost, Tambay… À l’époque, il met
les mains dans le cambouis et donnera même un coup de main à l’équipe
d’Alesi. Nicolas est sur le paddock.
première moto
Ses compétitions de kart, il les fait
seul : « Je n’avais ni mécano, ni sponsor, je descendais de
Paris le week-end, j’accrochais le kart derrière une voiture que mon
père me prêtait et j’allais tourner. »
La moto, il la rencontre grâce à son tout jeune frère qui fait ses
premiers tours de roue sur une 125 cm3 : « Je n’étais
jamais monté sur une moto, ça me paraissait impossible. Mais dès qu’un
truc est impossible, je n’ai qu’une envie : le faire. »
Sa première moto sera une Husqvarna Enduro avec laquelle, Nicolas se
fera de belles frayeurs en participant à des courses d’enduro en
Auvergne. Mais quelque chose a collé avec ce drôle d’engin qu’à ses
débuts, il n’arrive même pas à démarrer et qui tente de le désarçonner
comme un cheval de rodéo.
arriver, arriver, arriver !
En 2000, un ami lui propose le Rallye du Maroc, l’ancien Rallye de
l’Atlas que vient de réorganiser Cyril Neveu. Un mini Dakar.
« C’était la première fois que je me retrouvais seul, une semaine
entière sur une moto. » À sa grande surprise, les appréhensions
d’avant-course — la chaleur, se perdre, se blesser — disparaissent avec
le départ. Reste une obsession : « Arriver, arriver,
arriver ! » Nicolas terminera 8ème sur 24 au guidon de sa
Honda 400 XR qui ne l’a plus quitté depuis.
Le Rallye du Maroc aura été l’occasion d’une vraie rencontre, Nicolas
Bayle et Cyril Despres sympathisent au milieu des dunes. « Cyril
m’a dit : je vais te donner des conseils pour être moins
mauvais ! » Dans le désert, le champion enseigne à Nicolas,
l’art délicat de prendre une dune à la bonne vitesse, de la descendre
sans enfoncer la roue avant et d’autres techniques bien utiles :
comment changer un disque d’embrayage à flanc de dune, moto couchée
pour que l’huile ne coule pas, comment relever sa moto sans s’épuiser…
L’année suivante, en 2001, Nicolas retrouve Cyril Despres en Tunisie
pour le grand rallye du sud-tunisien. 7 étapes de 300 à 400 kilomètres.
120 concurrents. Un demi Dakar. « J’arrivais au ravitaillement
parmi les derniers. On se faisait chambrer par le gars qui n’attendait
plus que nous avec son camion citerne et qui aurait bien aimé être au
bord de la piscine avec les autres ! » Nicolas finit — finir,
finir, finir ! — 80ème sur 120 et dort vingt-quatre heures durant
dans la cabine du bateau qui le ramène à Marseille.
un skate ou un dromadaire
L’édition 2004 sera plus facile, presqu’une promenade de santé. C’est
là, sans doute que Nicolas a senti qu’il était prêt. « Le Dakar,
c’est dans la tête : on sait quand on peut le faire. Faire ou ne
pas faire le Dakar, c’est d’abord une question qu’on se pose à
soi-même. »
Depuis Juin, Nicolas a suivi une préparation sophistiquée grâce à un
préparateur hors pair dans les mains duquel l’a mis Cyril Despres.
Endurance, vélo, musculation. Et la 400 XR, sa vieille moto. « La
moto, je m’en fous un peu, ça aurait pu être un skate ou
dromadaire ! Ma philosophie, c’est le chemin, vivre chaque
kilomètre de la course sans avoir l’obsession du classement »
Alors en Janvier, Nicolas Bayle reprendra la direction du désert. Son
regard semble déjà tourné vers les ergs que le soleil couchant
redessine à grands coups d’ombres. « Un jour, nous étions partis
en reconnaissance avec Cyril au milieu d’un désert de sable blanc au
sud de Tozeur, en Tunisie. On s’est perdu et la nuit nous a surpris au
sommet d’une dune. Il y avait un ciel incroyablement étoilé comme on en
voit que dans ces régions. En bas de la dune, nous sommes tombés sur
une petite pancarte sur laquelle il y avait écrit un simple mot :
CAFÉ, avec une flèche ! On a suivi la direction et là, au milieu
de nulle part, on est tombé sur une minuscule oasis avec un petit café
installé entre les dunes. Les gens nous ont accueillis avec une extrême
gentillesse. On y a pris un dîner dont je me souviendrai
toujours. »
Didier Goldschmidt
"Au delà commençait l’azur ; et alors, à
des profondeurs qui n’avaient pas de limites, à travers des limpidités
inconnues, on apercevait le pays céleste du bleu."
Eugène Fromentin
un été au Sahara
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